























Empreintes
Normal Studio x Jousse entreprise
exposition en collaboration avec Aurélie Julien Collectible
26 SEPTEMBRE - 12 OCTOBRE 2024
Les savoir-faire d’exception fascinent Normal Studio parce qu’ils condensent autour de l’outillage,
le plus souvent artisanal.
« Jean-François Dingjian et Eloi Chafaï sont arrivés chez nous sans idées préconçues, à ceci près
qu’ils voulaient travailler sur l’empreinte du moule, expose Isabelle Reiher, directrice du Cirva de
2010 à 2019. Cette disposition d’esprit m’a plu et j’ai observé que même s’ils s’accordent une
grande indépendance, ils se donnent un cap sans jamais en dévier. En réalité, ces deux designers
ont une approche maîtrisée et très artistique du matériau et de l’usage. »
Pour Normal Studio, l’expérience unique menée au Cirva a servi de révélateur pour exercer une
fois encore son instinct sans qu’il soit question de débarquer avec un projet dessiné à l’avance.
« Nous voulions nous laisser surprendre par la réaction du verre au contact de différentes textures
d’un moule, comme le grillage, la tôle perforée ou les matériaux souples comme le textile. L’objectif
était d’intervenir sur un process pour en tester les limites afin de générer une forme qui ne soit
jamais totalement la même. Les occasions d’aller dans le sens de la recherche en totale liberté ne
sont pas si nombreuses ! »
Plus d’un an après le début de son étude, Normal Studio sélectionne quelques pièces en verre
parmi la quarantaine exécutée avec l’équipe du Cirva. Parmi les souffleurs du Cirva, trois sont
chargés de suivre avec assiduité le travail de Normal Studio ; ils mémorisent les gestes qu’ils
devront exécuter pour répondre à la demande des designers. Bien qu’ils ne soient pas avares de
conseils, les souffleurs aiment entrer en complicité avec les résidents pour mieux satisfaire leurs
desiderata, voire les anticiper pour solliciter, toujours un peu plus, leurs compétences.
Le duo oriente rapidement sa recherche vers la relation du verre et de la lumière. « Nous nous sommes
aperçus que l’empreinte laissée sur les verres fournissait des qualités optiques intéressantes, cette
diffraction de la lumière laissait place à l’imaginaire. »
Normal Studio prend l’option d’un objet dépourvu de système d’assemblage, pour sortir des
typologies conventionnelles. Tout fonctionne sur le principe de l’empilement : la plaque de led, un
tube en verre soufflé, un disque en verre coulé, l’ensemble devant être coiffé de formes texturées.
Quatre pièces de verre sont ainsi enchâssées sans fixations entre elles. Rien de magique dans ce
dispositif sinon un casse-tête invraisemblable pour réaliser des encoches (des rainures dans le
verre) qui permettent aux différents éléments de s’emboîter harmonieusement.
Les prototypes sélectionnés par Normal Studio ont l’aspect de lumignons d’une légèreté trompeuse
puisque chacun d’eux pèse environ dix kilos.
De cette recherche sur le moule et l’aléatoire, Normal Studio produira une série de luminaires qui
sont autant de pièces uniques. Ils décident en 2024 de compléter ce travail avec une série de
vases réalisés à partir d’une sélection de formes soufflées sculpturales, conservées dans leur état
d’origine.
extraits du texte « Des moules/des lampes» de Michèle Leloup
tiré de l’ouvrage monographique Normal Studio Design Process, Editions Alternatives
© Fabrice Gousset